juillet 2017

Les hommes s’engagent pour la planification des naissances et la réduction des violences basées sur le genre

Suite aux différents maux qui minent nos communautés à savoir : la mortalité maternelle, la mortalité infantile, la mauvaise santé financière de la famille, les difficultés de scolarisation et de la formation professionnelle des enfants, la dégradation des conditions de vie et la pauvreté, etc…, les hommes se posent beaucoup de questions sur les causes. Ainsi, trouvent-t-ils que la non planification des naissances aussi en est une.

Le poids de cette situation pèse plus sur les femmes avec à la clé des violences de tout genre à savoir l’abandon de la femme et la dislocation de la famille, des violences liées à la grossesse et à l’accouchement, le refus d’assister la femme dans les charges de la procréation, les violences physiques face à l’adoption des méthodes de planification familiale etc…

L’homme étant l’acteur principal et porteur de décision dans les contrées togolaises n’est pas suffisamment mis au centre des débats pour la résolution des problèmes liés à la mortalité maternelle et infantile.

C’est dans cet optique qu’une nouvelle stratégie est mise en place dans le but de permettre aux hommes et jeunes garçons à s’engager pour la panification familiale afin de réduire la mortalité maternelle et les violences basées sur le genre. Cette nouvelle stratégie élaborée  en projet regroupe les hommes de toutes les couches sociales : Chefferie, Pasteur, Féticheur, Comité Villageois de développement, élèves, apprentis…, tous des hommes pour repenser les moyens à mettre en œuvre pour la réduction de la mortalité maternelle et les violences basées sur le genre. L’innovation reste le fait que l’action du projet est centrée sur les hommes et les jeunes garçons à travers des écoles de maris et des clubs de garçons communautaires mis en place et aussi ; le regroupement des religieux de différentes croyances pour une cause commune.

Voici une preuve que les hommes comprennent bien la planification familiale  :

« Je suis Kossi, réparateur de vélo. Âgé de 42ans, j’ai six (06) enfants avec ma femme. La sixième est dans sa deuxième semaine après sa naissance. Depuis la naissance du cinquième enfant, j’ai demandé à ma femme d’adopter une méthode contraceptive mais, elle ne voulait pas. Alors que, le revenu de mes activités ne me permet pas de supporter beaucoup d’enfants. Après cet accouchement, elle et moi avons pris la résolution d’adopter une méthode chirurgicale afin d’être raisonnablement sûr de ne plus avoir d’enfants. C’est ainsi que j’ai demandé des informations chez les responsables de formation sanitaire de mon village et, on m’a parlé de la vasectomie. Ma femme et moi sommes rendus chez le chargé de suivi des projets de planification familiale de l’ATBEF de notre district sanitaire pour avoir des informations sur les démarches à suivre. En ce jour, j’ai fait la vasectomie et, ma femme et moi sommes très fiers. Maintenant, place à la recherches de ressources pour subvenir aux besoins de la famille ».

Journée Mondiale de la Population 2017: Planification Familiale

Permettez-moi de ne pas pouvoir vous parler de l’implication des hommes dans la Planification Familiale en milieu rural comme promis dans l’article précédent, c’est parce qu’il y a eu la célébration d’une journée mondiale qui a eu lieu cette semaine sur la thématique et que, je veux partager avec vous sa célébration au Togo.

A l’instar d’autres pays du monde, le Togo a célébré la Journée Mondiale de la Population. Sous le thème : « Planification familiale, autonomisation des populations et développement des nations », cette célébration a été l’occasion pour les gouvernants et l’UNFPA, de plaider pour un accès universel à la planification familiale en insistant sur les bénéfices pour les couples, les femmes, la communauté et la nation.

Plaidoyer meublé par des témoignages des Agents de Santé Communautaire (ASC) sur le projet de Distribution à Base Communautaire (DBC) des méthodes contraceptives, un couple bénéficiaire des méthodes, un chef de village bénéficiaire du projet et le Chargé de suivi du projet. Tous venus de la préfecture de Yoto. Il y a eu une forte mobilisation de la communauté et des autorités locales et centrale.

La cérémonie de lancement officielle a été faite par le Ministre de la Planification du développement, M Kossi ASSIMAIDOU en présence du Représentant du Ministre de la santé et du Représentant Résident de l’UNFPA, Saturnin EPIE. Quatre allocutions ont marqué la célébration de cette journée. Le mot de bienvenu de la Directrice des Etudes de Population, l’allocution du Représentant Résident de UNFPA Togo, l’allocution du Représentant du Ministre de la Santé et le discours de lancement officiel du Ministre de la Planification du développement.

Nous devons tous retenir que : les activités de la DBC aussi apportent beaucoup à la nation togolaise et que, la planification familiale est au cœur du développement socio-économique.

L’ASC qui a été chassé à coup de machette par un homme mais qui est devenu l’ASC le plus performant dans toute la préfecture avec en moyenne soixante-quinze (75) clientes sous dépo-provera par mois grâce à l’appui aussi de cet même homme qui est devenu son meilleur ami et promoteur des méthodes a partagé son vécu.

« L’exploitation du Dividende Démographique passe par le repositionnement de la planification familiale »

La perception de la planification familiale en milieu rural

La consultation prénatale, la consultation post-natale, la planification familiale… toutes ces thématiques semblent être perçues dans les communautés rurales comme affaire des femmes seules. Les hommes ne se soucient pas quand il s’agit d’accompagner leurs femmes à l’hôpital. Ce qui fait que beaucoup d’informations sur ces thématiques les échappent et, souvent ils pensent qu’adopter des méthodes contraceptives signifie ‘’ne plus avoir des enfants’’. Un homme, en milieu rural, à qui on dit que sa femme adopte des méthodes contraceptives pense que sa femme n’aura plus d’enfant, du coup devient très furieux et violente parfois sa femme.

Pour remédier à ces problèmes et, aider ces hommes à comprendre les avantages de la planification familiale, il faut instaurer des séances d’informations, de formations, d’implication et de suivi sur ces thématiques avec eux. C’est dans cet optique qu’un projet dénommé ‘’Projet Innovant’’ est entrain d’être expérimenter dans certains Districts Sanitaires du Togo. Les principaux acteurs seront les hommes et les jeunes garçons. Comment est-ce que ce projet va se faire ?  Comment est-ce que les maris et les jeunes garçons peuvent aider pour l’adoption des méthodes contraceptives par les femmes, surtout dans les milieux ruraux ? Comment est-ce que ces hommes et garçons peuvent-ils aider pour la réduction des violences basées sur le genre dans les communautés ? Notre prochaine publication nous édifiera. En entendant, voici le témoignage d’un homme qui a chassé un Agent de Santé Communautaire (ASC) de sa maison autrefois mais qui, aujourd’hui est devenu un promoteur des méthodes contraceptives dans sa communauté.

« Je suis Koffi, un chauffeur à Tchékpo Dédékpoè (Préfecture de Yoto/Togo), j’ai six (06) enfants avec ma femme. L’âge qui sépare mon dernier fils et sa sœur n’est que huit (08) mois. Un soir, de retour du boulot, je vois un homme assis avec ma femme dehors entrain de discuter. J’ai chassé cet homme avec ma machette. L’homme est parti et est revenu un autre jour sans avoir sur lui le gilet qu’il avait porté le jour que je l’avait chassé. Je ne l’avais pas reconnu et, après quelques minutes de discussions, j’ai finalement compris qu’il était venu pour m’aider à ne plus avoir des naissances rapprochées avec ma femme. Je l’ai mis à l’épreuve en acceptant qu’il fasse adopter une méthode à ma femme. Et, depuis ce jour, je suis devenu son de très bons amis. Je lui ai même confié des couples pour discussions et adoption de méthodes contraceptives par ceux-ci. Depuis qu’il vient faire adopter une méthode à ma femme, elle n’est pas encore tombée enceinte et mon benjamin a maintenant trois (03) ans. Je sais que je peux décider de quand avoir un enfant avec ma femme et c’est très génial ».

Les méthodes contraceptives en milieu rural: une grande joie pour les populations bénéficiaires

« Agée de trente-deux (32) ans, je suis Afi. Je suis mère de sept (07) enfants. Mon village se situe à huit (08) kilomètres du centre de santé de notre canton. En saison pluvieuse, le sentier qui nous mène au centre est impraticable donc, je rate mes rendez-vous pour les méthodes contraceptives, ce qui fait que je contracte des grossesses non désirées des fois et, par conséquent des naissances rapprochées. Avec le projet de la DBC des méthodes contraceptives par les ASC dans notre aire sanitaire, je me sens trop fière. Malgré que mon village ne soit pas sélectionné pour l’exécution du projet, j’en bénéficie aussi à travers la stratégie avancée qu’effectue les ASC. Je suis sous méthode contraceptive et, je n’ai plus peur de tomber enceinte à l’improvise. C’est toute une joie pour mon mari et moi. A l’approche de ma date de RDV, c’est mon mari même qui me la rappelle et, se charge de m’amener au domicile de l’ASC pour une nouvelle prise. Je n’ai plus besoin de parcours des kilomètres pour adopter une méthode contraceptive, c’est plus proche de chez moi et c’est gratuit en plus ». Nous a laissé entendre une femme sous méthode contraceptive depuis trois (03) années dans un village de Zafi (Préfecture de Yoto/Togo).

Nous profitons de cet article pour saluer le courage et le travail louage de ces Agents de Santé Communautaire qui, malgré le temps court pour leurs formations ont bien assimilés l’injection et le font avec beaucoup d’aisance. Sans oublier les animateurs qui sont chaque jour aux trousses de ces ASC pour s’assurer de la qualité du travail qu’ils font.

Respect à toutes les Equipes Cadre des Districts, aux infirmiers, aux Responsables des Formations sanitaires, aux Assistants Médicaux, aux Sages-femmes, à toute l’équipe de l’Association Togolaise pour le Bien-Être Familial (ATBEF), au Ministère de la Santé, au Fonds des Nations Unis pour la Population (UNFPA/Togo). Sans oublier tous ceux qui de près ou de loin ne ménagent aucun effort pour la réussite des activités de la DBC dans les villages.

Nous ne saurons clôturer cet article sans rendre hommage à ces braves femmes qui nous livrent leurs témoignages tout en manifestant leurs joies tout en plaidant pour que les activités du projet continuent.

Ma passion, c’est mon travail: projets sur la planification familiale

Né dans une famille polygame de douze (12) enfants dont je suis le deuxième, j’ai fait mes études universitaires en Sociologie, option : Pratiques Sociales, Santé et Développement. Juste après mon Baccalauréat Deuxième partie, je me suis lancé dans le volontariat dans l’Association Togolaise pour le Bien-Être Familiale (ATBEF) où j’ai acquis des connaissances et compétences en matière de Santé Sexuelle et de la Reproduction et, de la Planification Familiale. Durant mes cinq (05) années de volontariat dans cette Association, je me suis laissé former sur toutes les thématiques de la Santé de la Reproduction, de la Planification Familiale, de l’Education Sexuelle Complète et sur tout ce qui a trait à la Santé des Jeunes.

Ces acquis m’ont permis d’être recruté par la même Association comme Agent de suivi de terrain, sur un projet de ‘’Distribution à Base Communautaire’’ par les Agents de Santé Communautaire (ASC) en milieu rural, des méthodes contraceptives. Et, depuis ce temps, je dois parcourir de longues distances, braver des intempéries, croiser le chemin des serpents, faire des chutes dans des flaques d’eau pour superviser ces ASC dans leurs communautés. Ceci pour renforcer leurs connaissances et compétences, rencontrer des couples pour leur expliquer les avantages de la Planification Familiale et leur faire adopter les méthodes désirées.

Dans les partages de résultats, un jour le chef du village de Adabadji-kondji m’a confié : ‘’Depuis que votre projet a commencé dans ma communauté, je ne reçois plus de plaintes des couples sur les questions de rapports sexuels, plutôt je les vois souriant, bras dessus bras dessous, et, je me sens trop  fier’’.

Mon travail qui n’est pas facile est devenu une passion pour moi car, je l’aime et je me donne entièrement pour que tout marche bien et que les objectifs soient atteints. Je me sens trop fier en voyant le sourire sur le visage des couples qui, autrefois étaient aigris.

A travers mon Blog intitulé Mon Combat que je vous présenterai toutes les actualités sur les activités de Planification que je fais et tout le changement que ça apporte dans les communautés.